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Le syndrome de l’enfant du coucou

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16 octobre 2008

Le syndrome de l’enfant du coucou

citemodeleWill et Jonathan venaient souvent s’asseoir sur ce mur de béton dominant la coursive.

Cela leur permettait d’observer toute personne entrant dans la cité, ainsi que celles qui en sortaient en empruntant une large passerelle qui descendait vers le reste du quartier.

Sans vraiment s’en apercevoir ils en avaient fait une sorte d’habitude, un lieu de rendez-vous tacite ou le temps semblait s’y être arrêté, leur permettant d’échanger des idées, des dialogues et des fous rires, ou d’imaginer des plans complexes qui très vite se termineraient par d’autres fous rires, d’autre idées loufoques a partager avec « les autres » au moment propice.

Cet après midi la, ils venaient tous deux de se mettre d’accord sur un point : Il était certain que la grande majorité des gens ne se fréquentaient que par intérêt…

    ‘Si par exemple, tu vois deux types assis sur un mur en train de discuter…, avança Will sur un ton très sérieux.

      Tu pourras être certain qu’ils sont en train d’élaborer une théorie complètement foireuse, termina Jonathan manquant de tomber du mur sur lequel il était assis, victime d’un fou rire insurmontable.

     Attends, se fâchait Will, tu ne comprends rien a ce que je dis.

      Mais siiiiiiiiii, hurlait de rire Jonathan tentant de reprendre sa respiration.

--‘ Soit reprit Will, imaginons un autre sujet, tiens, toi qui ne sais que rire, tentes de trouver une victime….

--‘Ouaah, soupira Jonathan en essuyant ses yeux du revers de sa manche, qu’est ce que tu veux que je te trouve comme exemple ?

-- Des exemples de gens dont nous savons très bien qu’ils sont intéressés, proposait Will tout en fixant Jonathan d’un regard mauvais.

-- OOOOh bin, ce n’est pas trop difficile, annonça Jonathan.

-- Tu vois l’épicier du coin ?

-- Ouais ouais.

-- Bin quand tu entre, il t’accueille toujours avec un sourire en te disant « bonjour que puis-je pour vous ? » continuait Jonathan un peu vague.

-- Et alors, demanda Will très sérieux.

-- Bin ce type il en a rien a fiche de ce qu’il peut bien faire pour toi, il est juste intéressé, car si tu viens d’entrer dans son épicerie c’est que tu as envie d’acheter quelque chose, c’est ça l’intérêt. Et cette fois ils éclatèrent de rire ensemble car ils s’imaginaient très bien la tête de l’épicier qui immanquablement accueillait ses clients de cette manière.

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15 octobre 2008

Theo pouvait apprécier autant qu’il le pouvait ce genre de souvenir mais un détail navrant le choquait : Et si tout cela était faux ? Si tout cela n’était du qu’a son imagination ?

Il est normal qu’avec le temps les souvenirs s’estompent et le coup de deux gars assis sur un mur est très classique.

Dans le même courant d’idée du rayon panoplie et artifices il y avait aussi : le champs de blé parsemé de coquelicot avec une belle fille au milieu, l’après midi chez le copain qui organise une boum, une soirée en tête a tête avec sa lampe de chevet ou encore une foule de détails tout aussi absurdes les un que les autres, puisqu’il est évident que la plupart des choses dont l’on se souvient sont déformées et fort éloignées de la réalité…

-- Qui encore fait ce genre de truc ? Se demanda Will a voix haute, une fois le fou rire dompté.

--  La boulangère du coin, celle que l’on nomme sœur sourire car elle ne rit jamais, affirma Jonathan sans pitié aucune.

-- Elle se tient toujours derrière son comptoir les mains a faire semblant de nouer son tablier et dès que tu entre elle ne peut s’empêcher de te toiser comme si tu venais lui réclamer du fric, décrivait-t-il avec passion, une fois que la sonnette de la porte a cessé son ding-ding ridicule elle a encore le culot de te demander : « kess vous voulez , du pain j’ai plus, me ressss du kramiek, des pistolets et du pain complet ».

-- Comment t’as fait pour te souvenir de tout cela ? demanda Will épaté.

-- J’ai l’habitude, chaque dimanche c’est toujours moi qui m’y colle pour aller chercher les pistolets. Jonathan cherchait encore quelques détails mais apparemment le thème du débat n’était pas assez prenant pour surprendre Will d’avantage.

14 octobre 2008

-- Bon d’accord, admit Will, en un sens il et

-- Bon d’accord, admit Will, en un sens il et évident que si elle agit de la sorte, c’est pour bien faire comprendre au client qu’il fallait venir plus tôt et il aurait eu du pain….

-- Note, rétorqua Jonathan, c’est limite impossible de ne pas trouver un commerçant qui n’agit pas par intérêt.

-- Bien vu, fit Will souriant, les commerçants n’agissent QUE par intérêt…

-- Il n’y a plus qu’a trouver un autre sujet, conclut  Jonathan goguenard, mais qui ?

Il se passa bien une bonne dizaine de minutes avant que l’un ne décide de s’allumer une cigarette et que l’autre eu envie d’aller se chercher un soda.

Ce fut une mauvaise idée car le premier avança que le fait de fumer une cloppe donne envie de boire du soda et le second affirma que c’est le fait de boire du soda qui donne envie de fumer. Un dialogue passablement difficile s’installa et ce ne fut qu’après dix bonnes autres minutes et deux cigarettes de fumées de part et d’autre, qu’ils se décidèrent vaille que vaille d’aller chercher le soda ensemble au grand magasin du quartier.

Et puis ils aimaient les grands magasins car cela leur donnait toujours des sujets de conversation.

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Le syndrome de l’enfant du coucou
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